Quand bouger soigne
La naturopathie considère l’exercice physique comme une des 3 techniques majeures – avec l’alimentation et la gestion du mental –
parmi les 10 qu’elle utilise en général. Pourquoi ?
Parce que l’Homme n’est pas un être sédentaire.
Depuis toujours, l’humain arpente la Terre sur ses deux jambes, chassant, cueillant, cultivant, se déplaçant. Ce n’est que depuis peu qu’il passe une grande partie de sa journée assis à un bureau, devant un téléviseur ou dans une voiture… (pourquoi rester assis est mauvais, la démonstration dans cette courte vidéo). Bouger fait partie de notre hygiène de vie, l’aurions-nous oublié ?
Se soigner, manger bio suffit-il à la bonne santé ?
Partout dans les médias, l’accent est mis sur l’alimentation, la cuisine saine, les compléments alimentaires lorsqu’il s’agit de l’hygiène de vie. Or le corps n’est pas uniquement dépendant de l’acte de se nourrir. Il y a bien sûr la respiration, mais aussi l’action. Le mouvement stimule le renouvellement cellulaire qui lui permet de rester “neuf” plus longtemps.
Le corps ne connaît pas la stagnation. A l’intérieur de nous, tout est censé bouger et interagir. Il doit en être de même à l’extérieur.
Nous sommes constitués de systèmes qui interagissent entre eux. Le système ostéomusculaire n’échappe pas à la règle. Son activité a un impact sur les systèmes respiratoire, cardio-vasculaire, digestif, nerveux, etc.
Il est, certes, important de faire attention à ce que l’on mange et à comment l’on se soigne, mais pour que l’organisme fonctionne correctement, il faut l’exercer physiquement, bouger régulièrement. Le choix est vaste entre disciplines individuelles ou collectives, douces ou intenses. Celles d’endurance, telle la natation, le cyclisme, la marche ou le yoga, combinent effet détox et vitalité.
L’activité physique, en préventif comme en curatif
Le muscle est le support de la vitalité. Le faire travailler permet d’entretenir et de conserver un certain niveau d’énergie, indispensable pour rester en bonne santé.
Outil de détoxination et de revitalisation, l’activité physique fait partie de la prévention santé à plus d’un titre. Elle provoque l’accélération des humeurs – liquides du corps – et la mise en circulation des toxines. Comme la fonction crée l’organe, la pratique corporelle renforce les tissus, permet de lutter contre la rumination mentale, le stress et la nervosité, en même temps qu’elle rééquilibre les tempéraments. Aussi vrai que le manque d’entraînement rend le sport pénible, le secret du confort physique réside dans la pratique régulière et la modération.
On veillera à adapter la pratique à la vitalité et aux capacités de la personne afin de ne pas creuser les déséquilibres énergétiques. Dans tous les cas, une prise en charge globale de l’hygiène de vie – dont une réforme alimentaire et un rééquilibrage des rythmes – doit être envisagée pour une remise en forme efficace.
Les effets pervers de la sédentarité
En 2012, The Lancet a publié une étude, menée par les universités de Boston et du Texas, selon laquelle l’inactivité physique serait responsable de 10 % des décès dans le monde.
La sédentarité est maintenant reconnue comme l’origine de nombreuses maladies chroniques, dont le diabète ou l’hypertension.
Il n’est pas étonnant que les maux s’installent lorsque l’organisme est mis au repos forcé et prolongé. La sédentarité provoque une diminution de la circulation, une involution des tissus musculaires – qui perdent élasticité, extensibilité et contractilité, donc puissance – et articulaires, ce qui réduit la souplesse, augmente les frottements, etc. On observe également une diminution de la minéralisation osseuse, l’allongement et la fragilisation des os, tandis que la position assise bloque le bassin.
D’autre part, sédentarité rime souvent avec stress chronique et grignotage qui conduisent à l’inflammation intestinale. Elle épuise les réserves nerveuse et glandulaire, amenant à la dégénérescence du système cortical. Les deux cerveaux du corps (cortex et intestin) sont alors mis à mal. Démence, Alzheimer et Parkinson ne sont pas loin !
Ainsi la médecine commence à considérer la pratique physique comme un véritable médicament. Jusqu’à la rembourser ?
Mangerbouger.fr : 0-1
On peut saluer l’initiative gouvernementale qui tente un peu de pédagogie sur l’hygiène de vie auprès du grand public. Elle encourage à bouger pour rester en forme, entretenir le corps et préserver la santé.
Si le conseil de 30 minutes de marche rapide par jour est judicieux, il est bon de ne pas se cantonner à ce seul exercice. Les idées d’activités physiques sont accompagnées d’astuces pour bouger au quotidien, dans les déplacements et la vie de tous les jours. Là-dessus, rien à redire, si ce n’est que la généralisation n’est pas possible. Chacun doit trouver sa propre façon de s’exercer en fonction de sa condition physique, sa vitalité, ses goûts et ses contraintes professionnelles et sociales.
Quant aux autres recommandations, nutritionnelles notamment, leur approximation les rend inefficaces. Ne faisant mention que des quantités, elles omettent de parler de la qualité des produits, pourtant seul critère à considérer pour un aliment. Par exemple, le site conseille de “limiter les matières grasses”, alors que la majorité des Français sont carencés en oméga-3. Il serait plus approprié de recommander la prise quotidienne de graines de lin, de noix ou d’huile de colza…
Les bienfaits de l’activité physique sur la santé
Qu’il s’agisse de la marche, du triathlon ou de couper des arbres, bouger a un impact sur toutes les fonctions, les tissus et les organes. En premier lieu, la charpente ostéomusculaire bénéficie de nombreuses améliorations :
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développement de la masse et de la qualité musculaire ;
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densification des os (grâce aux forces de traction et à la minéralisation) ;
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imprégnation de liquide synovial au niveau cartilagineux ;
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renforcement des ligaments et capsules articulaires.
On parle souvent des séances sportives comme d’un “décrassage”. C’est tout à fait ça ! Partout dans l’organisme, l’amélioration de la vascularisation profite au transport des liquides et des gaz (meilleures nutrition, respiration et échanges cellulaires), à la thermorégulation (meilleure répartition de la chaleur) et à l’équilibre acido-basique (désacidification des tissus).
Le système cardiovasculaire est tout de suite sollicité lors de l’accélération du métabolisme. La contraction et le débit cardiaque augmentent, renforçant le cœur et régularisant, à long terme, la pression artérielle. Les graisses et les sucres circulants sont brûlés, retardant la sclérose artérielle, régulant la glycémie. Et le muscle sert de pompe périphérique favorisant la circulation de retour vers le cœur.
Le diaphragme, muscle clé de la respiration, est particulièrement mis à contribution dans l’effort physique. Il a aussi un rôle mécanique de massage des viscères, avec un effet nettoyant sur ceux-ci et la stimulation du péristaltisme (transit). Enfin, de par sa proximité avec le plexus solaire, son travail permet de libérer les émotions.
L’activité physique augmente la circulation dans les poumons, les reins et le foie (émonctoires ou organes filtres du corps) développant les capacités respiratoires, la qualité du tissu rénal et la capacité digestive. En cours d’activité, le corps réduit la réserve sucrée. La consommation du sucre sanguin en excès permet d’économiser le pancréas qui a alors moins d’insuline à produire.
L’immunité est, elle, subtilement impactée par l’exercice physique. Les macrophages, lymphocytes et interleukines d’une personne physiquement active sont plus nombreux que ceux d’une personne sédentaire. En revanche, le surmenage sportif répété affaiblit le système immunitaire.
Bouger pour calmer le mental
Dans notre société tertiarisée, mécanisée et automatisée, l’exercice est un moyen de se libérer du stress et de ses conséquences hormonales. Il contribue à brûler l’adrénaline et le cortisol libérés dans les situations stressantes, tandis que les endorphines libérées dans le sang déclenchent un sensation de bien-être. Elles atténuent la douleur et favorisent l’optimisme.
Au niveau nerveux, la pratique sportive assure l’équilibre entre les systèmes orthosympathique (accélérateur) et parasympathique (frein). C’est pourquoi le muscle est souvent appelé “contrepoids du nerf”. Ce n’est pas un hasard si Thierry Jansen écrit dans La Solution Intérieure : “L’exercice physique peut être aussi efficace, sinon plus, que les médicaments pour soigner la dépression”…
Alors aucune raison de rester “plan-plan”. Comme le dit Alain Rousseaux, naturopathe depuis plus de 40 ans et disciple de Pierre-Valentin Marchesseau (pionnier de la naturopathie) : “le mouvement, c’est la vie !“.
– Article paru dans Biocontact n°260 – Bouger pour sa santé de septembre 2015 –